Dans la cuisine

Mardil venait d'arriver devant l'entrée de la petite maison d'Enya et sa mère. Il avait frappé à la porte fermée et Khan qui avait entendu le bruit était venu se coller à la porte et sentir l'odeur de celui qui était devan la maison. Khan se mi à pousser de petits feulements afin d'alerter Petite Marie mais de ne pas réveiller Mélior. Mardil, lui, attendait toujours que Petite Marie, Mélior ou Enya lui ouvre. Il ne savait pas qu'Enya n'était pas là.

Petite Marie avait commencé à gratter la tête de Khan lorsque celui-ci, les oreilles levées, quitta la chambre et pris la direction de la cuisine. Inquiète, la jeune femme se leva, sa robe blanche flottant derrière elle comme un voile gracieux, suivit l'animal puis entendit quelqu'un frapper à la porte. Elle se demanda qui cela pouvait bien être. Sûrement, Mardil, car ce dernier devait la rejoindredans cette petite demeure perdue dans la forêt de Chicôt. La main sur la poignet de la porte elle ouvrit et vit en effet celui qu'elle attendait. Heureuse de revoir son bien-aimé, elle sauta dans les bras du jeune elfe, posa la tête de son épaule et lui dit d'une voix profondément douce:

"Vous m'avez manqué, Mardil. Je suis trop heureuse de vous revoir. La journée est si longue quand je ne peux communiquer avec vous normalement."

- Moi aussi, je suis content de vous revoir Petite Marie, surtout sous votre forme humaine. C'est encore mieux de vous voir ainsi.

Il était rare que Mardil fasse des compliments à quelqu'un, surtout à une personne n'étant pas de sa race et à des personnes du sexe féminin. Ce n'était pas du tout son genre mais il sentait qu'il s'attachait de plus en plus à la jeune femme. Et il pensait ce qu'il venait de dire.

- Et vous, cela se voit aussi que vous êtes contente de me revoir, Demoiselle. Quel enthousiasme ! dit Mardil souriant, repoussant délicatement la jeune femme. C'est Mélior qui m'a dit par la pensée que vous étiez ici, parce que je ne sais pas pourquoi Enya a quitté le village précipitamment juste après votre départ. D'ailleurs, c'est le village qui s'est vidé d'un coup en fait, à part de ses habitants. Je ne sais pas où ils ont tous pu aller. Il n'y a plus que le Marquis qui est là-bas, mais je suis parti en faisant comme s'il n'était pas là.

Mardil alla s'asseoir sur une chaise, dans la cuisine.

- Au fait ? Mélior va bien ?

Petite Marie alla s'asseoir face à Mardil, sa robe blanche flottant derrière elle comme si le vent soufflait, ses longs cheveux bruns ondulant avec grâce le long de son dos. Puis, avec tendresse, elle lui sourit jusqu'à ce qu'un filet de larme roula sur ses joues roses. D'un geste furtif, elle l'essuya avant de retrouver son sourire.

"Oh excusez-moi, mon bon Mardil. Mélior va bien. Elle s'est endormie paisiblement dès mon arrivée."

Elle fit une pause et admira les traits du visage du seul homme qu'elle aimait d'amour .

"Je me sens si inquiète à cause de ce qui est survenu aujourd'hui au village de Takamata. Le massacre du warg, l'arrogance du Marquis, cette jeune femme déguisée en petit garçon attristé, tous ces événements m'ont secouée et j'ai si peur qu'il vous arrive quelque chose de grave. Je ne voudrais pas vous perdre comme j'ai perdu mon père."

En prononçant le mot père, Petite Marie fondit en larmes. Tout ce qu'elle avait retenu depuis ces derniers temps dévalèrent progressivement toutes ses émotions. Son père lui manquait tellement.

Mardil avait attentivement écouté tout ce que venait de lui dire Petite Marie. Il approcha sa chaise de la sienne et la regarda dans les yeux. Il perçut une profonde tristesse en elle et eut un instant l'envie de la prendre dans ses bras. Mais il ne devait pas céder à cette tentation. Pas encore ! Cependant, il sentait que ça lui était de plus en plus d'y résister, de résister au charme de Petite Marie. Il reprit ses esprits, chassa ses pensées de sa tête et se mit en revanche à repenser à ce que venait de dire Petite Marie. Ainsi, le petit garçon était en fait une fille, une femme... Mardil avait vaguement suivi toute la scène Takamaka mais comme il soignait les blessés, il n'y avait pas prêté une grande attention. Il avait vu Petite Marie avoir une discussion avec Enya, et il l'avait ensuite vue partie, se demandant où allait la jeune colombe. Puis voyant la nuit qui approchait, il avait compris qu'elle allait reprendre sa forme humaine dans un lieu calme. Plus tard, Mélior lui avait appris où elle était. Mardil revint au présent : Petite Marie venait aussi de parler de son père qu'elle avait perdu, et qu'elle ne voulait pas le perdre lui, comme elle avait perdu son père. Le jeune Elfe se mit alors à réfléchir à cela. Son père était-il par hasard... Mais oui, ça ne pouvait être que cela. Mais il décida cependant d'en demander la confirmation à Petite Marie, espérant ne pas lui faire encore plus de peine.

- Ainsi, ce petit garçon était une femme ? Mmmmmmm je vois ! Dit-il. Je me doutais un peu qu'il était douteux... Mais alors, je présume que c'était quelqu'un qui ne nous voulait pas du bien ? En savez-vous plus à son sujet Petite Marie ? Et comment avez-vous appris cela ? Par Enya ? Par sa mère ?

Mardil se tut, il avait posé pas mal de questions à la fois à la jeune femme, mais dans sa tête, les pensées se bousculaient.

- Et vous avez parlé de votre père, tout à l'heure. N'était-ce pas Petit Homme par hasard ? Celui dont a parlé le Maire à Takamaka ?

Mardil se tut une nouvelle fois et ne reprit pas la parole. Il était temps de laisser parler Petite Marie maintenant ! La jeune femme pleurait encore et Mardil, touché par cela, se surprit en train d'avoir sa main sur la cuisse de la jeune femme depuis quelques minutes. Il ne la retira pas, comme si une force l'en empêchait.

Le visage toujours inondé de chaudes larmes, Marie ne parvenait pas à trouver les mots nécessaires pour raconter ce qu’elle avait à dire à Mardil. Ce dernier assis face à elle, la regardait avec une attention particulière. Etait-ce cette délicate attention mêlée de tendresse et de gentillesse qui l’a troublée ? Il y avait de fortes raisons que cela fût le cas. Et puis, il y avait aussi ce geste auquel Marie ne s’attendait de la part d’une personne, autre que son père : la main posée sur sa cuisse. Quand elle était enfant, son père la réconfortait toujours de cette façon-là, comme si sa main posée sur sa cuisse avait quelque chose de magique. Parfois, quand elle pleurait, il le serrait si fort dans ses bras, lui faisait plein de petits bisous sur la joue ou lui racontait des histoires de fées, d’Elfes et de Magiciens qui hantaient la forêt de Chicôts. Elle adorait les Elfes. A ces yeux, ces êtres étaient les plus beaux, les plus séduisants. Aucun Homme dans le monde n’avait la beauté aérienne d’un Elfe, même le plus séduisant des Hommes. Et Mardil, l’Elfe dont elle était tombée amoureuse, représentait la mythologie que lui avait décrite souvent son père dans ses contes. Il était beau, il était gentil, il était doux, il était attendrissant et prenait soin d’elle. Et cela la flattait énormément.

"Cette femme, je l’ai vue se transformer en garçon lorsque j’étais sous la forme d’une colombe. Après, elle a pris la direction du manoir du Marquis en prenant cette apparence assez triste. J’avais informé Meical du danger qu’il courait jusqu’à ce que je prenne un caillou à mon aile. Alors, j’ai abandonné ma mission, je me suis envolée jusqu’au château, l’aile blessée et j’ai fini par vous rencontrer ensuite. Quant à cette femme, elle avait l’intention de servir son Maître Ephaïstoséles et de proposer au Marquis d’être son allié. Dieu merci qu’elle n’ait pas réussi. Le Marquis est un homme arrogant et prétentieux, un type malsain qui ne s’intéresse qu’au pouvoir et à rien d’autre. Comment sais-je tout cela ? J’ai survolé l’île à plusieurs endroits, j’ai croisé leur regard, leurs prunelles opales et à l’intérieur de leurs yeux, j’ai tout lu, tout deviné, tout compris. Comme un jour disait mon père, c’est par le regard d’une personne qu’on découvre toute sa personnalité."

Marie s’arrêta puis se rendit compte qu’elle avait posé sa main sur celle de Mardil. Elle était si douce à toucher, qu’elle eut envie de l’embrasser à pleine bouche.

"Mon père était bien Petit Homme. En écoutant cette histoire, j’ai senti au fond de moi, une tristesse absolue. Entendre raconter l’histoire de mon père m’avait donné envie de pleurer mais je me suis retenue, je suis restée impassible, comme vous l’avez pu remarqué, Mardil. Mardil le Brave, Mardil le Noble, Mardil au Cœur d’Or."

Elle s'était adressé à lui, sur les derniers mots, d'une voix profondément douce.

Mardil avait attentivement écouté Petite Marie qui avait longuement parlé. Il n'avait pas retiré sa main quand Petite Marie avait posé la sienne dessus. Il s'était contenté de regarder les deux mains l'une sur l'autre durant un instant puis avait souri à Petite Marie et continué de l'écouter. Quand elle eut fini de parler, il lui sourit de nouveau.

- Mmmmmmmm je vois ! Merci de m'avoir confié tout cela Petite Marie ! Cela ne doit pas être facile pour vous de voir tout ce que vous voyez sur l'Île mais ça peut servir parfois ! Mais pensez que maintenant, vous aurez quelqu'un pour vous protéger et veiller sur vous !

Mardil avait légèrement rougi en disant sa dernière phrase.

Marie s'empourpra ; la déclaration de Mardil l'avait fait sourire. Avec sa main, elle caressa celle de son interlocuteur et l'embrassa avec beaucoup d'amour.

"Merci, Mardil. Moi aussi, je veillerai sur vous sour la forme d'une colombe et même sous ma forme humaine, même si je ne sais pas vraiment manier une épée. Je ne l'ai jamais appris à le faire."

Elle lui sourit à nouveau et garda toujours dans sa main celle de Mardil.

"Par contre, je connais la légende de l'Epée Etoilée. L'Epée que le Roi Richard Midazot avait en sa possession pour combattre les Forces du Mal. On raconte un peu partout dans l'île que cette épée était magique, puisqu'elle a été forgée par les Elfes et ensorcelée par les Magiciens. Maintenant, elle repose dans la montagne, au Piton Enneigé et est scellée dans la roche. Seul celui qui le coeur pur et l'âme loyale peut l'arracher de son emprise."

Elle s'interrompit et attendit la réponse de son interlocuteur.

Mardil écouta attentivement Petite Marie qui venait d'embrasser sa main avec tendresse.

(hj : enfin, je suppose que c'est la main de mardil que tu as embrassé lol Wink

)

- J'ai en effet entendu parler de cette Légende. Mon père a fait partie de ceux qui ont forgé l'Epée. Et je vois en effet où elle a été désormais scellée. Maintenant, il suffit de savoir qui va arriver à la prendre et à la faire sienne.

"Et si c'était vous, Mardil le Brave au coeur d'or. Je vous verrais bien avec cette épée pour défendre la liberté de notre île."

Marie posa sa main sur le visage de Mardil et lui caressa les cheveux et son visage si serein, si apaisant. Elle eut soudain envie de déposer ses lèvres sur celle de son ami mais elle n'osait pas, de peur que celui-ci se mette à la repousser.

"Partons pour le Piton Enneigé. C'est en cet endroit que se cache l'âme de notre île. D'ici, on n'a pour deux jours de route. Vous voulez bien, ô Mardil."

Tout ce qu'elle espérait maintenant ce que ce dernier accepte sa requête.

- Je ne pense pas que ce soit moi, Petite Marie, mais il est vrai qu'on ne sait jamas. Je suis peut-être Brave comme vous le prétendez, vous et les gens de Takamaka mais je ne pense pas être aussi pur que cela. Cependant, je pourrais toujours essayer d'arracher l'Epée de son roc... Car, je suis d'accord pour que nous nous rendions là-bas, belle demoiselle ! Mais allons d'abord prévenir Enya et sa mère que nous partons et les remercier de nous avoir accueillis chez elles.

(hj : on fait comme si Enya était revenue, était passée par la cuisine mais était allée directement voir sa mère afin de ne pas déranger Mardil et Petite Marie en train de parler)

Marie s'empourpra lorsque Mardil l'appela belle demoiselle. Cela lui faisait tellement plaisir de l'entendre dire par la voix de celui qu'elle était tombée amoureuse.

"Vous avez raison, Mardil. Partons et profitons du ciel étoilé pour être auprès de toi sous ma forme humaine. Je crois qu'Enya est partie se rendre dans la chambre de sa mère."

Marie se releva et attendit que Mardil fasse pareil avant d'aller rejoindre Enya dans la pièce à côté.

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