La cuisine

Lalia et son Maître venaient d'arriver dans la cuisine après avoir traversé les couloirs. Elle savait qu'elle plaisait au Maître mais faisait comme si de rien n'était pour l'instant.

- Je suis d'accord pour chanter Maître, mais avant, mangeons si cela ne vous fait rien car je n'ai pas mangé depuis hier, moi.

Lalia se mit à rougir légèrement en disant cela car en général, elle ne disait pas ce genre de choses à quelqu'un, elle n'était pas du genre à se confier comme cela. Elle avait appris à ses dépens qu'il valait mieux pas mais elle sentait qu'elle pouvait faire confiance au Maître des Ténèbres.

Le Maître s'était aperçu que la jouvencelle avait légérement rougi lorsqu'elle lui avait confié qu'elle n'avait pas mangé depuis hier et qu'elle était d'accord pour se mettre à chanter devant lui. Il lui fit un clin comme pour lui annoncer qu'il ne la trahirait pas, certainement pas. Surtout avec une femme aussi déterminante, aussi jolie, aussi intelligente qu'elle. Ce soir, si tout se passait bien, elle deviendrait son bras droit (et non pas son bras gauche).

"Vous avez raison, jouvencelle. Dîtes moi, qu'est-ce qui vous ferez plaisir de prendre comme repas, ce soir ? J'ai de diverses choses dans mon garde-manger."

Le Maître ignorait ce que sa nouvelle amie mangeait en général.

- J'aime bien manger des pâtes à la carbonara. Je pense que vous devez avoir cela Maître. Mais laissez-moi les préparer, si vous voulez.

Lalia, tout en disant cela, pensait à ce que venait de penser le Maître des Ténèbres qui la trouvait jolie, déterminée, intelligente. Ephaïstoséles devait être en train de tomber amoureux d'elle. Mais Lalia avait du mal à pouvoir cibler complètement la personnalité de son allié et puis, elle ne savait même pas son âge.

"Non, non, non, non, fit le Maître en lui souriant en l'arrêtant d'un geste de la main. Je me débrouille très en cuisine malgré mon âge. Et je peux vous préparer ces pâtes à la carbonara que vous aimez bien."

Il prit une casserole dans son armoire, le remplit d'eau puis la met sur chaudière pour faire bouillir son contenu. En suite, il se procura d'un oeuf le cassa en deux pour récupérer le jaune, fouilla dans son congélateur pour prendre des lardons fumées et les fit frire. Pendant tout cela, il se demanda si il n'était pas devenu fou par hasard. Lui qui n'avait quasiment plus tombé amoureux depuis des années, voilà qu'il succombe au charme délicieux d'une ravissante jouvencelle. Même en ayant attend le siècle, l'amour pouvait toujours faire des ravages au coeur des hommes.

(hj : ptdr)

- Maître, demanda la jeune femme en hésitant un peu, pourrais-je vous poser une question un peu personnelle sur vous ?

Lalia voulait savoir l'âge qu'avait le Maître des Ténèbres. Lalia ne pouvait pas et ne voulait pas deviner cela de toute façon. Elle regardait Ephaïstoséles en train de préparer la cuisine en attendant qu'il l'autorise à poser sa question.

Le Maître s'arrêta de cuisiner puis se tourna vers Lalia :

"Oui, je vous écoute, Jouvencelle. Posez-moi votre question, s'il vous plait", dit-il avec une certaine politesse dans la voix.

Lalia sentait de la politesse dans la voix de son Maître. Pourtant, elle savait que celui-ci n'avait parfois pas de pitié pour les autres et pouvait même parfois être quelqu'un de fourbe et de très cruel. Mais Lalia savait qu'il était franc avec elle, elle le sentait et ne souhaitait pas que cela change.

- Heuuuuuu dit la jeune fille en rougissant légèrement. Je voudrais tout simplement savoir votre âge, si vous voulez bien me le dire bien sûr.

Lalia regardait le Maître en disant cela et aussi les pâtes et les lardons qui étaient quasiment prêts.

Devrait-il dire la vérité ou pas ? Atteindre un siècle et s'amuser à séduire une jouvencelle telle que Lalia n'étaient pas très sains. Il se mit à rougir étrangement lui aussi.

"J'ai... euh... J'ai atteint l'âge séculaire depuis quelques jours, jouvencelle. Je sais, je ne suis plus très jeune maintenant. Je me sens même parfois très vieux."

Le Maître baissa les yeux, honteux d'avoir à séduire une aussi jolie jeune femme.

"Ne m'en voulez pas si j'ai cherché à vous séduire, jouvencelle. Vous êtes très belle, aussi cruelle que belle."

- Je ne vous en veux pas Maître ne vous inquiétez pas.

Devait-elle dire elle-même qu'elle trouvait que son allié avait un certain charme malgré son âge ? La jeune femme décida de ne rien dire mais de se contenter de dire autre chose sur le même sujet.

- Cela apporte un peu de piment de se faire séduire par quelqu'un qui est beaucoup plus âgé que soi

(hj : elles doivent être prêtes les pâtes now, nan ? ptdr)

Esphaïstoséles ne savait plus quoi dire, il était troublé maintenant. Même pour un assassin, un être cruel, l'amour pouvait faire des dégats sur le plan émotionnel. Soudain, il sentit une odeur de brûlé. Les lardons avaient cramé maintenant.

"Oh... je suis désolé. Je crois que les lardons ont brûlé. Je vais vérifier dans le garde-manger si il en reste encore sinon on se contentera de pâte avec un steak haché."

(Hj : ptdr, c'est ça de draguer tongue

lol)

- Ne vous faites pas de souci sinon Maître, ne vous inquiétez pas. Tout ira bien.

Lalia, habituellement cruelle, méchante et hypocrite était cependant sincère et gentille avec Ephaïstoséles. Elle ne savait ce qui la poussait à être comme ça avec lui. Peut-être leur différence d'âge ? Ou alors le fait de se faire séduire par quelqu'un de 68 ans de plus qu'elle ? Lalia et son Maître se mirent donc à table et commencèrent à manger.

"Je vous souhaite bon appétit, jolie jouvencelle."

Le Maître s'était mis une bouchée de pâtes dans sa bouche et avala en poussant un "hum, c'est bon !"Puis il regarda Lalia manger avec appétit.

"J'espère que ma cuisne vous plaît, même si je ne suis pas très doué comme cusinier."

Il se sentait bien ce soir. Pour un homme de cent ans, faire la cours à une ravissante jouvencelle représentait quelque chose d'extraordinaire, à ses yeux.

- Cela me convient tout à fait Maître. Là d'où je viens, je mangeais des choses beaucoup moins bonne que cela, voire pas du tout tellement c'était répugnant !!

En effet, à l'orphelinat, la jeune femme était exploitée et nourrie avec du pain noir, du manioc et parfois rien du tout tellement la nourriture lui faisait horreur. Et plus tard, durant ses années d'errances sur le continent, Lalia s'était nourrie de ce qu'elle avait sous la main : des plantes, des racines, des fruits pris sur les arbres,...

- Et encore merci pour le repas, Maître !!

"Je vous en prie, jouvencelle."

Le Maître avait terminé son repas. A présent, il regardait Lalia avec un certain intérêt. Il lui fit un sourire comme pour lui dire de prendre son temps et que rien n'était pressé. La soirée, avec elle, était agréable. Même chez les assassins, chez les sorciers usant la magie noire, il y avait de la romance dans l'air.

"Pendant que vous terminez votre repas, je me mettrai au clavecin pour vous jouer une célèbre toccata de Jean-Sébastien Bach."

Le Maître se leva, prit la direction de son clavecin contre les parois du mur et commença à jouer un air dont le style allait si bien avec l'aspect de la cuisine. Une musique baroque dépouvue de romatisme.

Lalia avait presque fini de manger, elle trouvait que le Maître jouait vraiment très bien et était contente de l'entendre. Elle le voyait jouer de là où elle était et cela la rendait un peu distraite. Elle le regardait parcourir le clavier avec ses doigts, ce qui fait qu'elle ne mangeait plus ou presque plus. Il ne lui restait pourtant que quelques bouchées. Puis tout d'un coup, elle sembla sortir de son rêve et mangea une bouchée.

*"Mais qu'est-ce qu'il m'arrive, se demanda-t-elle, ce n'est pas dans mes habitudes d'être comme cela !!

Ephaïstoséles sentait que sa musique plaisait beaucoup à la jouvencelle. Il continua donc à jouer encore un peu jusqu'à la fin de la pièce. Lorsqu'il eut terminé, il se retourna et vit que Lalia avait l'impression d'être plongée dans un rêve où la musique l'avait séduite. Il lui fit un sourire puis se leva :

"J'ai toujours été fasciné par le Baroque. Et ce pièce est un pur chef-d'oeuvre. J'espère que ma musique vous a plu."

- Oui, ela m'a énormément plu Maître. Merci d'avoir joué pour moi.

Lalia était sorti complètement de son rêve maintenant et elle finit de manger les quelques bouchées qui lui restaient. Elle était prête à se mettre à chanter si le Maître désirait toujours l'entendre le faire.

- Voulez-vous encore m'entendre chanter maintenant Maître ?

Le Maître se mit à sourire face au compliment de la jeune femme.

"J'aimerais beaucoup, jolie jouvencelle. J'imagine que vous devez foudroyer les inconnus avec votre jolie voix. Et j'en suis certain que vous en avez une merveilleuse."

Il était revenu s'asseoir et sa place et planta son regard dans celui de Lalia.

Lalia vit que le Maître la regardait un peu plus intensément. Cela la troubla mais elle ne le montra pas et se leva calmement piur se mettre à chanter un air d'opéra. Au début, sa voix n'était pas très assurée mais elle s'affermit au fur et à mesure de l'air. Elle espérait que ce qu'elle chantait plaisait au Maître. Quand le morceau fut fini, quelques minutes plus tard, Lalia se courba, salua son Maître et attendit de savoir si cela lui avait plu.

- Cela vous a plu, Maître ? Si ce n'est pas le cas, croyez bien que j'en suis désolée.

A partir de cet instant, Ephaïstoséles n'eût qu'une envie : prendre Lalia dans ses bras, la serrer fort contre lui, l'embrasser sur ses jolies lèvres, caresser la beauté de son longs cheveux grissonnants et lui avouer tout simplement qu'il était tombé amoureux d'elle. Ce qui fut hélas ! trés difficile de déclarer à voix haute tout ce qu'il éprouvait. Il se contenta d'un juste mais sincère :

"C'est vraiment merveilleux, jouvencelle. Vraiment merveilleux !"

Il sourit puis son sourire se tordit, il était amoureux d'une personne qui risquerait d'être inacessible. S'il pouvait avoir moins de cent ans et être plus jeune, comme elle.

- Merci, c'est gentil à vous Maître. Je suis contente que cela vous ait plu !!

Lalia avait envie de se coucher, maintenant, après ce long voyage et cette longue veillée auprès de son allié. Mais elle se trouvait devant un dilemme car elle aimait aussi être en compagnie d'Ephaïstoséles et n'osait pas lui demander la permission d'aller se coucher et puis, d'ailleurs, elle n'avait aucun endroit où passer la nuit, venant de débarquer sur l'Île.

Le Maître sourit à Lalia.

"J'imagine que vous vouliez aller vous coucher. En croisant votre regard, je sens les prémisses de la fatigues dans vos yeux. Vous voulez peut-être que je montre votre chambre, jouvencelle."

Ephaïstoséles, lui, ne dormait jamais. Il était tout les jours éveillés et la nuit, il aimait rester devant la cheminée de son bureau en train de contempler les flammes.

- Oui, si cela ne vous dérange pas. Merci Maître.

Lalia était contente qu'il lui ait même proposé de se coucher. Elle avait lu dans les pensées d'Ephaïstoséles que lui n'éprouvait pas le besoin de dormir. Elle se demandait comment il faisait pour ne pas tomber de fatigue au bout d'un moment.

- Je suis prête à vous suivre, Maître.

Lalia avait maintenant rejoint la cuisine où elle dut attendre le Maître des Ténèbres qui devait encore être dans le jardin. Il avait dit qu'il n'en avait pas pour longtemps, il allait donc certainement bientôt arriver, mais en l'attendant, Lalia s'assit sur une chaise et attendit patiemment que le Maître revienne avec ce qu'il était allé chercher.

Ephaïstoséles arriva dans la cuisine, bouquet de roses noires à la main. Il vit que Lalia était assise sur une chaise et l'attendait tranquillement les bras croisés. Il s'approcha d'elle, un sourire se dessinant sur ses lèvres et lui tendit le bouquet :

"Tenez, un joli petit bouquet
Pour vous, ravissante jouvencelle
A chaque pétale, se cache le secret
De la beauté éternelle
D'une jeune femme charmante
D'une jeune femme intelligente
Qui fait craquer le coeur
D'un pauvre homme plongé dans le malheur."

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